La décroissance - comment ça marche ?
J'avais parlé il y quelques temps de la décroissance. Rappelons-en le concept. Dans une société de décroissance, la croissance ne devient plus un objectif : la croissance économique, mais aussi la croissance de la consommation, la croissance technologique ne sont plus des fins en soi. Les décroissants décorrèlent "avoir plus" de "être plus heureux" et prônent donc une "simplicité volontaire" qui conduirait à plus de bonheur.
Étant moi-même partisan d'une telle vision du monde, je me dois d'expliquer concrètement comment je la vis. C'est évidemment personnel et cela n'engage que moi.
- Je n’ai pas de voiture, je ne prends quasi-jamais de voiture. Dès que je le peux, j’évite également de prendre les transports en commun et préfère mon vélo. Prendre son temps pour aller d’un point à un autre, ça déstresse.
- J'ai fait un moratoire sur l’avion : après avoir pris 20 vols en 6 mois aux États-Unis, je me dis qu’il faut que je laisse un peu la planète respirer… Je ne voyage plus qu’en Europe (et plutôt en France), et en train.
- J’ai décidé de ne rien acheter de neuf, hors consommation quotidienne bien sûr. Le but est de supprimer l’envie de toujours avoir la dernière nouveauté (Wii, EEEPC, vêtements etc.) et sortir un peu de la société de consommation. Pour l’instant, je tiens bien et je me base sur ebay et freecycle dès que j’ai besoin de quelque chose. Ne rien acheter, ça vaut aussi pour les cadeaux... c'est un peu plus tendu, mais avec un peu d'imagination on arrive à offrir des choses sympas quand même...
- Autant que faire se peut, j’achète bio. Avec mon colocataire, nous prenons des paniers de fruits et légumes qui viennent directement de producteurs locaux.
- J’essaye de me dégager le plus de temps possible pour des activités sociales : cuisine, jeux avec les potes ,ballades etc. J’essaye aussi d’accueillir des gens (via Couchsurfing) et de renouer les liens avec les gens de ma famille, pour autre chose que « un réseau professionnel ».
La décroissance est un nouveau paradigme, c'est-à-dire une nouvelle vision du monde. Suivre un nouveau paradigme est risqué, puisqu'en se coupant du mode de pensée dominant, on peut se sentir devenir un paria. Il n'est en effet pas rare d'être moqué parce que l'on consomme moins ou que l'on consomme différemment : qui n'a jamais fait une blague sur les produits bio "sans sucres rapides" ?
Il faut donc réussir à trouver un équilibre entre un certain prosélytisme et l'adaptation à la vie en société, ce qui n'est pas toujours facile : si mes amis me proposent de partir en vacances à Tanger, dois-je accepter et donc prendre l'avion, ou dois-je refuser et me couper de mes amis ? Quand une connaissance me dit qu'il a réussit à acheter un iPhone à 200€ sur ebay, dois-je être content pour lui, ou dois-je lui rappeler la futilité de consommer toujours plus au risque de paraître grincheux ?
Il n'est pas facile de trouver sa place dans une société qui ne tourne pas autour des mêmes principes que les siens, mais il me semble que les problèmes planétaires en jeu valent bien quelques questionnements.