Ah, mais tu fais quoi pour...
Voila une question qu'on me pose souvent quand je parle d'instaurer un certain changement, quel qu'il soit. "Tu te dis opposé au nucléaire. Mais tu proposes quoi comme énergie ?" "Tu dis qu'il faut moins consommer de pétrole. Mais tu fais quoi pour le banlieusard qui doit aller au boulot ?" "Tu dis qu'il ne faut pas prendre l'avion. Mais tu fais quoi pour les gens qui habitent loin de leur pays natal ?"
Ce à quoi je réponds : "Je n'en sais rien".
En fait, ces dialogues illustrent parfaitement la question de la soutenabilité forte ou faible, que j'avais évoquée précédemment. Ma conception du monde est que l'environnement prime sur tout, en ce qu'il est une contrainte inamovible. Je n'ai le droit qu'à 2 hectares d'empreinte écologique ? Et bien je n'utiliserai que 2 hectares. Je dois émettre moins de 2 tonnes de CO2 par an ? Soit. Je pose donc la contrainte environnementale en premier, et mon mode de vie, mon économie, mes possibilités s'adaptent en conséquence.
A l'inverse, mes interlocuteurs sont le plus souvent partisans d'une soutenabilité faible : "J'accepte d'agir pour l'environnement uniquement si cela ne gêne pas telle ou telle action". Bien sûr, ils sont conscients que la préservation de l'environnement est importante, mais ils sont persuadés que la Science pourra nous sauver : soit en permettant de réduire nos émissions, soit en rehaussant le seuil de nos émissions possibles. C'est une position certes plus confortable, en ce qu'elle ne nécessite aucune action et donc aucun changement ; il n'empêche qu'elle est du domaine de la croyance, de la foi.
Nous sommes naturellement enclin à être partisans d'une soutenabilité faible, puisqu'elle préserve notre mode de vie à court terme et repose sur l'incertitude du long terme. Pourtant, à l'échelle internationale, les français ont tendance à se ranger derrière la position de l'Union Européenne, prête à se conformer à des objectifs de réduction chiffrés, et conspuent nos cousins outre-Atlantique qui refusent des mesures coercitives et ne souhaitent pas que l'on touche à leur American way of life.
Comment on dit déja ? La poutre, la paille, l'hôpital et la charité ?