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gotty
15 juillet 2008

Apprenons à compter - Le Bilan Carbone

pollution_chemin_eAprès un week-end de 3 jours bien mérité, nous voici repartis pour de nouvelles aventures. A l'agenda des prochains articles : comment comptabiliser notre influence sur la planète ?

Au menu aujourd'hui, le premier de nos indicateurs environnementaux : le Bilan Carbone. Le Bilan Carbone est une technique spécifique d'inventaire carbone créée par Jean-Marc Jancovici pour le compte de l'ADEME. C'est également une marque déposée mais dont l'emploie tend à se généraliser à toutes les formes d'inventaire carbone en France. On en entend beaucoup parlé, le gouvernement souhaitant même le rendre obligatoire pour les entreprises de plus de 50 salariés.

Un inventaire carbone consiste à comptabiliser l'ensemble des gaz à effet de serre (GES) émis lors d'un processus donné. Pour ce faire, on commence par délimiter le périmètre étudié : on peut par exemple se demander combien de GES une voiture émet pour parcourir un kilomètre, ou encore combien de GES sont émis pour fabriquer une bouteille de lait. Pour le premier cas, la mesure est relativement simple : on avait vu qu'il suffisait à peu de choses près de connaître la consommation pour connaître les émissions de GES d'une voiture.

Le second cas est lui un peu plus complexe. Dois-je compter les engrais nécessaires à la pousse du fourrage donné aux vaches laitières ? Dois-je compter la voiture qu'utilise l'agriculteur pour aller chercher le-dit fourrage ? On voit vite que deux problèmes majeurs vont survenir :

  • récolter l'ensemble des informations a un coût, coût d'autant plus élevé que les informations cherchées sont précises. Si je prends en compte la voiture de l'agriculteur, il faut que je distingue l'utilisation qui relève de la production laitière de ce qui relève du reste de ses activités et il sera peut-être nécessaire de mettre en place un système pour me permettre de faire la distinction entre ces trajets.
  • on risque vite de voit apparaître ce que l'on appelle des "double-compte". Si l'agriculteur fabriquant le fourrage incorpore cette activité à son bilan carbone, et que l'agriculteur l'utilisant pour nourrir ses vaches le compte également comme faisant partie de son activité, la production de fourrage est comptée deux fois. Quand on agrège l'ensemble des données au niveau national par exemple, on risque d'avoir un Bilan Carbone beaucoup plus élevé que la réalité.

L'identification de ces deux problèmes permet de comprendre l'importance de définir un périmètre précis et de s'y tenir dans l'établissement de l'inventaire carbone.

Le périmètre définit donc les sources d'émissions que l'on souhaite relever, par exemple l'électricité nécessaire pour chauffer un bâtiment, les kilomètres parcourus par le produit etc. L'ensemble des données nécessaires pour compter les gaz à effet de serre émis doivent donc être relevées: ce peut être des factures d'électricité, des factures d'essence, des compositions d'engrais... Cette étape est clairement la plus longue du processus, et peut prendre plusieurs semaines voire plusieurs mois.

Enfin, après avoir relevé l'ensemble des données se fait la phase de conversion à l'aide de ce qu'on appelle des facteurs d'émissions : on transforme l'ensemble des données récoltées qui sont dans des unités différentes (litres d'essence, kWh, kg...) en une unique unité : le kg de CO2. On a vu par exemple qu'un litre d'essence correspond à 2,35kg de CO2 ; de même des données internationales permettent de convertir l'ensemble des données de base en émissions de CO2 (par exemple il faut 120kg de C02 pour fabriquer une tonne de bouteilles de verre, 600 à 800 kg pour fabriquer une tonne d'acier). En faisant la somme de tous ces kilos de CO2, on arrive à un inventaire carbone complet. Notons que je parlais au début de l'article de gaz à effet de serre, et qu'on ne parle ici plus que de CO2 ; or il y a d'autres GES que le dioxyde de carbone, comme le méthane, les CFC, ou même la vapeur d'eau ! Pour avoir un résultat en kg de CO2, on converti donc tous ces gaz en équivalent CO2 en prenant comme mesure le Potentiel de Réchauffement Global (PRG), c'est-à-dire la capacité d'un gaz à agir sur le réchauffement climatique. Cette partie est complexe et fera l'objet d'un article en lui-même, mais ce qu'il faut retenir, c'est que l'on sait dire que le méthane "réchauffe" environ 20 fois plus que le C02 ou encore que l'hydrofluorocarbone "réchauffe" 1000 fois plus que le C02. Donc si un processus émet une tonne de méthane, on la convertira en 20 tonnes de CO2.

Les avantages d'un inventaire carbone sont multiples :

  • avoir un chiffre unique, simple sur lequel on peut communiquer.
  • pouvoir comparer ses émissions d'une année sur l'autre.
  • savoir quelles sont les sources d'émissions principales sur lesquelles concentrer ses efforts. En effet, une entreprise de service peut mettre l'accent sur l'utilisation de papier recyclé, alors que ce sont les transports et l'électricité de ses bureaux qui sont les sources d'émissions critiques (voir graphe ci-dessous, tiré du site de Jean-Marc Jancovici).

Bilan_C_graph3

Néanmoins, l'inventaire carbone a deux inconvénients structurels majeurs. Le premier est qu'il ne prend en compte que le réchauffement climatique. Vous me direz que c'est son but et ce pourquoi il a été conçu, mais il a tendance à être l'unique indicateur de la bonne santé environnementale d'une entreprise. Or, une entreprise qui rejette peu de CO2 peut tout de même être polluante différement (voir par exemple mon article sur le nucléaire). Mais plus grave encore, le bilan carbone est, la plupart du temps, uniquement un bilan carbone interne, c'est-à-dire qu'il ne prend en compte que les émissions de l'entreprise (ou d'un pays). Pour réduire leur bilan carbone, les entreprises (ou les pays) peuvent donc être tentés d'externaliser leur production. C'est entre autres ce qui se passe en Chine : si les émissions de CO2 de ce pays explosent, c'est certes parce qu'il se développe rapidement, mais aussi parce qu'une grande partie de notre production industrielle y est délocalisée ! En se focalisant sur le bilan carbone d'une entreprise, on risque donc de voir des chiffres qui ne reflètent qu'une réalité très inexacte.

Pour pallier (au moins partiellement) à ces inexactitudes, un autre indicateur environnemental a été développé... Plus de détails demain !

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Commentaires
U
Love starts as an attraction to another!
S
Pour info la méthodo Jancovici-ADEME est un truc essentiellement français.<br /> Le World Resource Institute (WRI) et le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD) ont développé un "GHG protocol" (www.ghgprotocol.org) qui est plus largement diffusé mondialement.
T
Suspense ! (désolé pour ce commentaire peu fourni)
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