Malus annuel durable
J'ai eu plusieurs commentaires "privés" sur mon article sur le malus annuel. Avant d'y répondre, j'aimerais préciser qu'il serait préférable que tout le monde fasse ses commentaires sur le blog plutôt qu'en aparté : d'une part, ça flatterait mon égo de voir "412 commentaires" sous un de mes articles, mais surtout, cela permettrait d'avoir une discussion entre les lecteurs, autrement plus riche qu'une discussion entre moi et mes lecteurs. Je referme la parenthèse.
Je disais donc que j'avais reçu plusieurs commentaires à ce sujet, me demandant notamment de bien prendre en compte l'aspect social d'une hausse du prix de l'essence qui risque de frapper les ménages les plus fragiles, alors que le malus annuel est plutôt à destination des ménages fortunés puisqu'il s'appliquera uniquement aux voitures neuves les plus polluantes - voitures en règle générale les plus chères. Quelqu'un m'a notamment écrit :
"Sinon,augmenter le prix de l'essence ne peut amener à une réduction des GES [NDLR : Gaz à effet de serre] que si ça entraîne les gens à effectivement moins prendre leur voiture. Or, il y a une énorme part des déplacements qui sont des contraintes (domicile-travail et déplacements professionnels), pour lesquels il n'existe pas d'alternative efficace (les transports en commun doublent la durée du trajet), et donc qui continueront à avoir lieu même avec une essence + cher."
Ce à quoi je réponds : lisez l'article de jeudi dernier ! La situation est simple : nous ne pouvons pas consommer plus de 2tCO2/an par personne. De même, le corps humain est limité au niveau de son alimentation. Disons qu'on peut ingurgiter sans problème 2500kcal par jour (chiffre approximatif) : si vous mangez trop, disons 5000kcal par jour, vous pouvez certes vous faire plus plaisir, mais les effets sur votre santé se feront sentir à plus ou moins long terme. Et votre nutritionniste n'est pas pour autant un intégriste de l'anorexie et du stoïcisme : il connait tout simplement vos limites naturelles, et sait que les dépasser vous fait courir un danger. Il en va de même pour l'environnement : dire que nos activités sont limitées n'est pas une "lubie écologiste", c'est une simple constatation des limites de la nature.
Donc, 2tCO2/an... Dès lors, toutes nos "contraintes économiques" se heurtent en vérité à cette "contrainte naturelle" : sachant que l'on ne peut pas, du moins à moyen terme, changer la seconde, c'est à la première que nous devons nous attaquer. Les déplacements domicile-travail ou professionnels sont des contraintes de notre société actuelle : si celle-ci va à l'encontre des limites naturelles, nous devons donc changer notre organisation du travail. Encore une fois, je ne suis pas communiste ou anti-capitaliste, je suis pragmatique : notre société est incompatible avec le fonctionnement de la Terre, nous devons "changer la société".
En ce qui concerne plus spécifiquement les transports, il faut donc diminuer notre mobilité (responsables pour environ un quart de nos productions de gaz à effet de serre, soit environ 1,5tCO2/an pour un français). On peut soit se fonder sur la bonne volonté des gens, soit passer à un système d'incitation-contrainte : l'histoire nous a prouvé que c'est cette dernière méthode qui est souvent la plus efficace.
Ma préconisation serait donc simple : augmenter le coût de l'essence et obliger les entreprises à rembourser les trajets domicile-travail à leurs salariés. Cette double action permettrait à la fois de limiter les trajets inutiles, de relocaliser l'économie, mais également de ne pas pénaliser les ménages les plus modestes.
Vous avez dit utopique ?